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FAQ Recherche clinique
La recherche clinique en quelques questions
Qu'est-ce qu'on entend par recherche clinique ?
La recherche clinique consiste, à l'aide de différentes méthodes, à apporter une réponse à une question précise sur l'être humain. Elle englobe donc tous les essais pratiqués sur l'homme.
Une partie des travaux de physiologie et de physiopathologie sont menés par nos équipes de manière tout à fait autonome, sans sponsor. D'autres essais, réalisés en collaboration avec des partenaires industriels, sont les études systématiques de nouveaux produits (molécules ou matériaux) dans le but d'identifier les effets indésirables, d'en étudier l'absorption, la distribution, le métabolisme et l'excrétion (lorsqu'il s'agit de molécules), en vue d'établir leur efficacité, leur tolérance et leur sécurité d'emploi.
Les essais cliniques sont divisés en quatre phases : les phases I, II, III et IV selon qu'elles font appel à des volontaires sains ou à des malades, et en fonction de la nature de l'objectif visé (établissement du profil pharmacocinétique / pharmacodynamique, comparaison à un placebo, rapport sécurité d'emploi / efficacité, etc.).
A Erasme, les essais les plus fréquents concernent les phases II et III (essais de nouvelles molécules auprès de patients dans des maladies bien précises).
Pourquoi s'intéresser en particulier à la recherche clinique ?
L'industrie pharmaceutique et biomédicale augmente régulièrement les budgets consacrés à la recherche et au développement de nouveaux produits. Elle doit ensuite en valider l'intérêt et en promouvoir l'utilisation, dans le cadre d'essais cliniques dont le niveau d'exigence augmente lui aussi.
Il en résulte une compétition acharnée entre les firmes ; plusieurs d'entre elles fusionnent d'ailleurs pour atteindre une taille critique et dégager des budgets suffisants pour la recherche. On observe aussi une émulation entre les hôpitaux et les équipes médicales pour participer à ces travaux.
Nous entrons dans une ère nouvelle, celle de la thérapie génique, et de la prévention du cancer et des affections dégénératives, qui nécessiteront une intensification des collaborations et des synergies entre universités, industrie, organismes assureurs, pouvoirs publics et corps médical.
Une de nos priorités est donc de développer et de professionnaliser la recherche clinique, sur fonds propres et en collaboration avec l'industrie.
Qui réalise concrètement la recherche clinique à Erasme ?
Les principaux partenaires intervenant dans la conduite d'un essai clinique sont :
- le promoteur c'est-à-dire toute personne physique ou morale qui prend l'initiative de la recherche. Cette personne peut être une firme pharmaceutique, un investigateur de l'hôpital, un CRO (Contact Research Organization), une association, un institut ... ,
- l'investigateur c'est-à-dire la personne qui réalise, dirige, surveille l'essai. Lorsqu'il y a plusieurs investigateurs, l'un d'entre eux est désigné investigateur principal ou coordonnateur,
- sur le terrain, l'essai est supervisé par un moniteur, aidé par des assistants de recherche clinique, tous issus de l'équipe du promoteur,
- les infirmières de recherche, les data managers,
- les patients ou les volontaires sains qui acceptent de participer à un essai clinique,
- le pharmacien qui détient et dispense les principes actifs à l'essai,
- le Comité d'Ethique chargé d'émettre un avis sur les conditions de validité de la recherche préalablement à sa réalisation.
Autour de ces partenaires principaux, il y a aussi tout le personnel qui assure la logistique de l'essai, c'est-à-dire le personnel soignant, paramédical, de laboratoire, ...
Les études cliniques impliquent-elles exclusivement les équipes de l'Hôpital Erasme ?
Une étude de recherche clinique peut être réalisée dans un seul centre, ou être limitée à un seul pays.
De plus en plus d'études, internationales et multicentriques (un protocole unique et des modalités identiques), sont réalisées à l'échelle européenne ou mondiale.
Nous avons tout lieu d'être fiers du choix fréquent de l'Hôpital Erasme pour la participation à ces travaux d'envergure internationale : c'est un signe de vitalité, et un indice de qualité. Notre ambition est de faire plus et mieux.
La recherche clinique est-elle financée ?
Les essais peuvent être subventionnés, sponsorisés ou réalisés sur fonds propres (grâce au mécénat recueilli par la Fondation Erasme par exemple). Beaucoup d'essais de nouveaux médicaments sont, au moins partiellement, financés par l'industrie pharmaceutique.
Le promoteur et l'investigateur établissent une convention qui précise les modalités financières de l'étude et les obligations auxquelles chaque partenaire s'engage. Ces dispositions financières, qui couvrent les frais liés à l'essai (examens particuliers, achat d'appareils, assistance technique), les honoraires de l'investigateur (et / ou de l'équipe de recherche), le remboursement des frais de transport des patients, les indemnités dues aux volontaires sains, doivent être clairement identifiés et détaillés.
Le patient paie-t-il une participation à ces essais et est-il rémunéré ?
L'article 76 de la loi du 22 février 1998 portant dispositions sociales (Moniteur belge du 3 mars 1998) stipule que « l'assurance des soins de santé n'intervient pas en principe dans les prestations accomplies dans le cadre de la recherche scientifique ou d'essais cliniques, sauf dans les conditions fixées par le Roi, après avis du Comité de l'assurance ».
Cette clause signifie que les patients inclus dans une étude de recherche clinique ne devraient en supporter aucun frais. Toutes les prestations médicales reprises dans le protocole de l'étude devraient être portées à charge de l'étude et donc être récupérées par l'Hôpital.
En théorie, aucune prestation de l'étude ne peut donc être portée à charge du patient (du malade). Il n'est pas pour autant rémunéré pour sa participation. Le « bénéfice » individuel direct est l'intérêt thérapeutique que peut présenter le traitement qui lui est administré.
Les volontaires sains, par contre, peuvent recevoir une indemnité pour leur participation à l'étude, en plus de la « gratuité » des prestations.
Est-il difficile de recruter des patients ?
Le recrutement des patients porteurs d'affections ou de complications bien spécifiques n'est pas toujours aisé. Il arrive régulièrement que le nombre potentiel de patients à recruter soit sous- estimé au départ, soit parce que les critères d'inclusion et d'exclusion déterminés par la firme sont trop sévères, soit parce que l'investigateur a mal évalué la fréquence de la pathologie en question dans sa patientèle.
Lorsqu'un patient est « recrutable », il faut encore qu'il accepte d'entrer dans l'étude (aucune personne ne peut être forcée à participer à une étude), et qu'il signe le formulaire de consentement dit « éclairé » (en anglais « informed consent »), après avoir reçu de l'investigateur toutes les informations écrites et orales nécessaires.
Un proche, un représentant légal peuvent signer pour le patient lorsque celui-ci n'est pas en mesure de le faire (enfant, patient comateux ou atteint d'une altération de la conscience ou du jugement).
Combien de temps dure le développement d’un médicament ?
La mise au point d'un nouveau médicament nécessite en moyenne douze années de développement, et coûte environ 250 millions d'Euros. Moins de la moitié des essais aboutit à une mise sur le marché d'un nouveau médicament, et tous ne connaissent pas le succès commercial du Zantac, du Prozac ou du Viagra, pour citer quelques exemples marquants...
Doit-on redouter des incidents et/ou des accidents en utilisant de nouvelles molécules ?
En recherche clinique, on parle d'effet indésirable et d'événement indésirable.
Un effet indésirable est une réaction nocive, non désirée, qui se produit aux posologies normalement utilisées chez l'homme pour la prophylaxie, le diagnostic, le traitement d'une maladie, etc.
Un événement indésirable est défini comme tout événement inopportun subi par une personne pendant la conduite d'un essai. Qu'il soit lié ou non au médicament étudié, l'événement doit être signalé au promoteur, et au Centre National de Pharmacovigilance du Ministère fédéral de la Santé Publique.
L'événement indésirable est qualifié de :
- grave lorsque l'issue est fatale, lorsqu'il présente un risque pour la vie de la personne, est susceptible de provoquer un handicap permanent ou entraîne l'hospitalisation du patient ou la prolongation de son hospitalisation,
- inattendu lorsque le type, la gravité ou l'incidence ne sont pas prévus dans la documentation complète fournie à l'investigateur, dans le dossier général de l'essai, dans la littérature médicale ou dans un autre pays.
Un essai clinique doit-il être tenu secret ?
La convention qui lie le promoteur et l'investigateur reprend, en général, les obligations et les responsabilités de chacun en matière de conduite des essais cliniques, d'assurance qualité, de résultats et publications, et de confidentialité ; chacun s'engage à répondre aux demandes de contrôle de qualité et d'audit.
L'industrie a en général intérêt à la discrétion à propos d'études en cours, alors que les équipes académiques ont intérêt à publier leurs résultats : « publish or perish ! » disent les universitaires anglo-saxons. Le Code de Santé Publique français stipule ce qui suit : « Il serait en outre très préjudiciable à l'intérêt général que ces contrôles ne puissent pas s'effectuer.
Si le secret défend l'intérêt privé, la transparence garantit l'intérêt général. La transparence n'est pas la divulgation, le secret n'est pas la dissimulation ».
La recherche clinique est-elle soumise à un règlement interne ?
L'internationalisation et la « multicentricité » des études ont nécessité d'uniformiser les procédures. Tous les essais doivent être conduits selon les règles de GCP (Good Clinical Practice), recommandées par l'ICH (International Conference on Harmonisation) et de la Déclaration d'Helsinki. Ces règles constituent « LE » standard de qualité scientifique et éthique international pour la conception, la conduite, le recueil des données, le traitement des résultats, le compte-rendu des essais menés sur l'homme.
Il y a donc quatre niveaux de réglémentation à prendre en considération :
- International (GCP et Déclaration d'Helsinki)
- Européen (nouvelle directive)
- National (Cf. Comité d'Éthique)
- Erasme (procédure interne)
Aujourd'hui, l'essai clinique en double aveugle randomisé dans le respect de ces règles est devenu la base de toute évaluation sérieuse d'un nouveau médicament.
Tous les protocoles de recherche sont-ils acceptés par le Comité d'Ethique et par la Direction ?
Il existe bien entendu des essais « mercenaires », qui n'ont d'autre objectif pour l'industrie que celui de l'incitation à la prescription, et donc à la vente, de nouveaux médicaments. Mais les Comités d'Ethique ont été créés pour veiller à limiter les dérives. Ces comités regroupent des représentants des professions médicales, de soins et paramédicales ainsi que des non-professionnels de la santé (juriste, conseiller laïque dans notre cas). Ils ont la responsabilité de vérifier que la sécurité, la protection et les droits des personnes participant à un essai donné soient assurés, avec comme prolongement de rassurer le public. Il est évident qu'un essai n'est jamais légitime s'il ne repose sur un fondement scientifique solide et une méthodologie robuste : faire de la recherche, c'est d'abord poser correctement une question et se mettre en situation d'avoir une chance raisonnable d'y répondre !
À l'Hôpital Erasme, comment se passent concrètement les investigations cliniques ?
La recherche clinique, ce sont des médicaments (et/ou du matériel), des équipes médicales crédibles en ambulatoire et en hospitalisation, des patients et une équipe d'appui logistique :
- les médicaments et le matériel, ils ne manquent pas. Nos investigateurs sont sans cesse contactés par les firmes pharmaceutiques et biomédicales,
- les équipes de recherche en ambulatoire et en hospitalisation, cette condition est remplie sans trop de difficultés. Le potentiel nécessaire (investigateurs, personnel soignant, expertise, locaux, matériel) est présent dans notre institution, pour une gamme étendue de disciplines. Le personnel infirmier, paramédical et administratif exclusivement affecté à la recherche clinique représente aujourd'hui une trentaine de personnes, une petite cellule de support chargé de l'aide à la négociation et au suivi des contrats.
- les patients, au centre de toutes nos préoccupations.
Pratiquement, dans un souci de transparence, de rigueur et de professionnalisme, nous avons établi une marche à suivre préalable à la réalisation d'études cliniques (accord du Comité d'Ethique, négociation avec les firmes, signature du contrat par le Médecin Directeur, demande d'ouverture d'un compte spécifique, accord budgétaire interne, clôture de l'étude et dépenses autorisées).